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Davide Cassinari est animé par la philosophie bouddhiste. Il est particulièrement attaché à deux concepts. Le premier considère l’être et son environnement comme un tout indissociable. Le second définit une interdépendance entre le fait divin et le vivant. L’être humain serait alors une manifestation de ce divin, un état. Cette vision ôte toute notion hiérarchique avec un esprit supérieur. Dans son travail photographique, l’artiste cherche à rendre visible cette divinité contenue en toute chose. Il ne s’agit pas de transformer cette chose, mais bien de révéler ce qui est présent en elle par essence. Davide Cassinari photographie le vivant — graine, cœur, être humain, feuille — qu’il dépouille de son aspect terrestre pour ne mettre en lumière que l’aspect transcendantal qu’il contient. Pour cela il choisit un cadrage frontal du sujet placé sur fond neutre, un procédé qui se veut objectif. Il n’y a pas de mise en scène, mais une volonté de pointer avec précision le moindre détail et de restituer méticuleusement les textures. Ce dépouillement et cette rigueur dans la définition de l’image focalisent la pensée et poussent le spectateur à se concentrer sur l’essentiel. Il s’agit de l’accompagner dans cette recherche de spiritualité. Il en résulte des images d’une grande pureté qui génèrent un double mouvement : contemplation et introspection. L’artiste met en place un processus qui tend à sacraliser son sujet.


La lumière est un élément décisif dans la divulgation de ce divin. Elle impressionne le support et révèle, dans un jeu de clair/obscur fascinant, un paysage infini qui emporte le signifiant vers l’abstraction. Au sein des installations (Sindone et Cœur 01), elle est présente physiquement par rétroéclairage ou réfraction. Ces dispositifs favorisent l’attraction et polarise le spectateur sur le sujet. Dans Cœur 01, le regardeur voit simultanément l’organe et son propre reflet, tous deux fragmentés sur les plaques de cuivre. Une lumière stroboscopique se substitue aux battements de ce cœur et donne la sensation qu’il est en mouvement. Partie prenante du dispositif, le spectateur est un peu plus immergé dans cette émanation divine.


La photo est pensée pour magnifier chacune des caractéristiques de la technique employée, mais ce choix renforce finalement le propos de l’artiste. Davide Cassinari aime particulièrement l’aspect manuel des procédés anciens ou alternatifs. Il agit sur la production de l’image comme un plasticien sur la matière. Si cela se fait physiquement pour le daguerréotype par exemple, le principe est le même avec le numérique. Non qu’il retouche l’image, mais en additionne plusieurs pour obtenir une définition non réalisable en un cliché (série Piena Terra).


Le plasticien parvient à donner corps à une pensée immatérielle et insaisissable afin de toucher les êtres de chair que nous sommes.

ph: Talos Buccellati

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